















BAHAR TAHERI
LOGOS
By Edwin Janzen
With her project Logos, artist Bahar Taheri uses print, painting, and video to dismantle, reconstruct, and reimagine the city of Jerusalem’s most iconic religious structures, present and past: the Muslim Dome of the Rock, the Jewish Temple of Solomon, and the Christian Church of the Holy Sepulchre. These she deconstructs into an array of visual components or building blocks, combining and recombining them in unfolding architectural forms, in a reflection upon contemporary religious and political discourses and their seemingly paradoxical condition of simultaneous permanence and flux.
Taheri’s two-dimensional images, produced via a photolithographic process and in which abstracted features of the three sacred structures abut and overlap one another, are displayed in four boxes: two larger and two smaller, each pierced with multiple openings. The visitor therefore cannot visualize the work at once and in its entirety, and may apprehend it only from differing points of view and in fragments. Taheri has employed the strategy of the windowed box in earlier works; here, however, she crafts the windows at irregular angles, drawing for inspiration on the works of contemporary Jewish architects, such as Daniel Liebeskind’s Jewish Museum Berlin.
The exhibition’s video component begins as a kaleidoscope of hundreds of graphic elements or “shards” floating in slow motion against a white background. Gradually the shards assemble themselves into greater coherencies of form, and finally aggregate into the three Jerusalem edifices: mosque, church, and temple. Quickly, however, the structures then begin to come apart, gradually disintegrating again as though by their own effort into a thousand shards. Here, this cyclical dance of de- and re-formation unfolds against a soundtrack featuring the dynamic and diverse aural environment of the Jerusalem street: the Jewish shofar horn, Christian church bells, and the Muslim call to prayer, interspersed with the ambient sounds of people’s interactions and conversations.
A term that in Greek may express myriad meanings, “Logos” (Λόγος, lit. “word,” “discourse,” or “reason”) first entered formal philosophical usage in the thought of Heraclitus (c. 535–475 BC), who used it to elucidate a divine law according to which the universe experienced constant change even as it remained unchanged. The word has since been assigned different meanings in Judaism, Islam, and Christianity, but for Heraclitus it proposed a unity of opposites manifested in the universe through perceptions of sameness and difference.
In Taheri’s works, the Jerusalem structures function as cultural or conceptual “quarries,” which Taheri freely mines for visual components. These three monuments thus stand in for the structures of religious teaching and belief (and the politics generally associated with them), so often seen as mutually exclusive, inexorably in opposition to one another. Yet all these structures, architectural and religiopolitical, are represented here as being in flux, and thus as provisional or even improvisational even as the general realities of human spirituality and political aspiration—the individual, fragmented viewpoint, and the life of the street—remain constant.
Bahar Taheri was born in Tehran and grew up in a milieu where the discussion of politics was as commonplace as talking about the weather is here in Montreal, where she currently lives and works. Taheri’s artistic practice focuses on the political power of o architecture, specifically its capacity to stand in for political and religious ideologies or structures, and as a silent witness to historical events. In past projects, Taheri has worked with images of diverse, semantically charged architectural structures including the White House, the Notre-Dame-de-Bon-Secours Chapel in Montreal, and key palaces and public buildings in Tehran.
BAHAR TAHERI
LOGOS
Par Edwin Janzen
Traduction par Caroline Loncol Daigneault
Avec son projet Logos, l’artiste Bahar Taheri emploie les techniques d’impression, la peinture et la vidéo pour démanteler, reconstruire et réimaginer des monuments religieux parmi les plus emblématiques de la ville de Jérusalem, à savoir le dôme du Rocher (musulman), le Temple de Salomon (juif), et l’église du Saint-Sépulcre (chrétien). En déconstruisant ces monuments, l’artiste obtient une série de fragments d’édifices qu’elle combine et recombine dans un déploiement de formes architecturales. Ce faisant, cette dernière étaye une réflexion sur les discours religieux et politiques contemporains qui, d’une manière qui pourrait sembler paradoxale, incarnent simultanément la permanence et la fluctuation.
Au sein des images bidimensionnelles de Taheri, les caractéristiques abstraites des trois structures religieuses se côtoient et se superposent. Ces images composites, obtenues grâce au procédé photolithographique, sont insérées dans quatre boites-présentoirs : deux grandes et deux petites, chacune percée d’une multitude d’ouvertures. L’intégralité des images ne peut être embrassée par le visiteur d’un seul coup d’œil. Plutôt, le visiteur les découvre par fragments, en multipliant les points de vue. Bien que Bahar Taheri ait utilisé la stratégie de la boite fenestrée dans des travaux antérieurs, elle aborde les fenêtres différemment dans cet ensemble. En effet, l’artiste s’est ici inspirée des travaux d’architectes juifs contemporains, tels ceux de Daniel Liebeskin pour le Musée juif de Berlin, afin de développer des fenêtres aux angles irréguliers.
La composante vidéo au sein de l’exposition s’ouvre sur une présentation kaléidoscopique de centaines d’éléments graphiques, de fragments d’images flottant dans un espace blanc. Peu à peu, ces « débris » visuels se rassemblent dans des ensembles de plus en plus cohérents, pour finalement s’agencer et donner forme aux trois architectures de Jérusalem : la mosquée, l’église, le temple. Rapidement, toutefois, les images commencent à se morceler, semblant répondre d’un mouvement interne, se désintégrant de nouveau en centaines d’éclats. Ici, la danse cyclique de la déformation et de la reformation s’appuie sur une trame sonore présentant la dynamique et le paysage sonore diversifié des rues de Jérusalem. La corne juive de Shofar, les cloches d’une église chrétienne et l’appel à la prière musulmane se font entendre, entrecoupés des bruits ambiants de la rue, des conversations et des interactions entre les passants.
Terme grec aux innombrables significations – « logos » (Λόγος, lit. « parole », « discours » ou encore « raison ») a d’abord fait son entrée dans la philosophie avec la pensée d’Héraclite (535-475 av. J.-C.). Ce dernier l’employait afin d’élucider la loi divine selon laquelle l’univers est constamment en mouvement tout en demeurant, pourtant, fondamentalement inchangé. Depuis, ce mot s’est vu attribuer différentes significations dans le judaïsme, l’islam et le christianisme. Pour Héraclite, néanmoins, il demeure associé à un ensemble uni d’opposés qui se manifeste dans l’univers, se révélant à travers la perception simultanée de l’identité et de la différence.
Dans le travail de Taheri, la ville de Jérusalem apparait comme une « carrière » culturelle ou conceptuelle au sein de laquelle l’artiste creuse et fouille librement, à la recherche d’éléments visuels. Les trois monuments suggèrent ainsi des systèmes de croyance et d’éducation religieuses (ainsi que les politiques leur étant généralement associées) souvent perçus comme étant cloisonnés, exclusifs et inexorablement opposés l’un à l’autre. Or ces structures architecturales, religieuses et politiques sont ici représentées en mouvement, donc provisoires, voire improvisées, tandis que la spiritualité et les aspirations politiques des humains – non moins fondées sur des perspectives fragmentées, individuées et sur la vie de la rue – demeurent constantes.
Bahar Taheri est née à Téhéran et a grandi dans un milieu où parler de politique est chose commune, aussi courante que d’échanger sur la météo à Montréal, où l’artiste par ailleurs habite et travaille aujourd’hui. La pratique artistique de Taheri se concentre sur le pouvoir politique de l’architecture, spécifiquement sur sa capacité de véhiculer et d’incarner des idéologies ou des structures religieuses et politiques, ainsi que sur son rôle de témoin silencieux d’événements historiques. Dans ses projets antérieurs, Taheri a travaillé avec des images d’une diversité de structures architecturales, chargées sur le plan sémantique, incluant la Maison blanche, la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours à Montréal et des palais et édifices publics phares à Téhéran.